2012-10-04 08:42:11
Φωτογραφία για La Turquie saisit l'ONU après des tirs syriens sur son territoire
Le Monde.fr avec AFP, AP et Reuters

Des tirs en provenance de Syrie ayant tué cinq civils dans le village turc d'Akçakale, proche de la frontière, mercredi 3 octobre, ont provoqué un regain de tension entre les deux voisins. Le premier ministre turc, Recep Tayyip Erdogan, a annoncé une "riposte immédiate" des forces armées turques, "qui ont bombardé le long de la frontière des cibles identifiées par radar". Ces bombardements se poursuivaient dans la nuit, selon la presse turque. De l'autre côté de la frontière, des rebelles syriens ont confirmé ces frappes.Le gouvernement turc pourrait aller encore plus loin, selon les medias locaux. Il s'apprêterait à demander, jeudi, l'autorisation au Parlement pour mener des opérations militaires directement sur le territoire syrien. Dans la nuit, son ambassadeur à l'ONU a saisi le Conseil de sécurité, lui demandant de "prendre les mesures nécessaires pour mettre un terme à de tels actes d'agression et garantir que la Syrie respecte la souveraineté".


La Syrie, par la voix de son ministre de l'information, Omran Zoabi, a annoncé l'ouverture d'une enquête, mais n'a pas reconnu que les tirs étaient le fait de son armée régulière . "Les parties concernées étudient actuellement l'origine du tir contre la Turquie, a-t-il assuré. La Syrie présente ses sincères condoléances aux familles des victimes et à nos amis, le peuple turc". Le ministre a appelé ses voisins à contrôler leurs frontières afin d'empêcher que des "terroristes" ne pénètrent en Syrie.

L'OTAN CONDAMNE MAIS N'ÉVOQUE PAS D'INTERVENTION

L'OTAN, qui avait convoqué une réunion d'urgence mercredi soir à Bruxelles, à la demande de la Turquie, a appelé la Syrie à "mettre un terme à ses violations flagrantes du droit international". "L'Alliance continue de se tenir aux côtés de la Turquie", l'un de ses 28 membres, "et exige la cessation immédiate de tels actes agressifs envers un allié", a déclaré l'OTAN. Personne à la réunion n'a mentionné l'article 5, principal article de l'OTAN concernant la défense collective, qui dit qu'une attaque contre l'un de ses membres est considérée comme une attaque contre tous, a souligné un diplomate cité anonymement par Reuters.

Cette brusque escalade de la tension entre les deux voisins a débuté mercredi après-midi, lorsque plusieurs obus ont frappé le petit village turc d'Akçakale, tuant cinq civils turcs et en blessant neuf autres. L'origine des tirs n'a pas été immédiatement déterminée, mais le chef du gouvernement turc a accusé le régime de Damas d'en être le seul responsable. Selon le maire de la localité, ce bombardement, qui a détruit une maison, a provoqué la mort d'une "mère et ses quatre enfants". Les images diffusées sur les chaînes de télévision turques montraient des policiers au chevet de personnes gisant dans des mares de sang.

Depuis la mi-septembre, la localité d'Akçakale a été à plusieurs reprises victime des combats qui ont opposé, juste de l'autre côté de la frontière, les troupes fidèles au régime syrien aux rebelles. Selon son maire, elle a déjà été touchée par des balles perdues et des obus tirés autour du poste-frontière syrien de Tall Al-Abyad. Celui-ci, comme plusieurs postes-frontières avant lui, est tombé aux mains de rebelles de l'Armée syrienne libre (ASL) il y a une dizaine de jours, à l'issue de violents combats qui ont fait cinq blessés du côté turc de la frontière. Les écoles du secteur sont fermées côté turc depuis plusieurs semaines pour des raisons de sécurité.

LES ÉTATS-UNIS SONT "AUX CÔTÉS" DE LA TURQUIE

Longtemps proche du régime syrien, la Turquie, qui accueille aujourd'hui près de 100 000 réfugiés syriens sur son sol, soutient ouvertement depuis des mois les rebelles de l'ASL et a appelé à de nombreuses reprises à la chute de Bachar Al-Assad. En juin, les relations entre les deux pays s'étaient déjà détériorées après la destruction d'un avion militaire turc par un missile syrien, provoquant la mort de ses deux pilotes.

Le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, a demandé au gouvernement syrien de "respecter totalement l'intégrité territoriale de ses voisins". Selon M. Ban, cet incident "démontre que le conflit en Syrie [...] a de plus en plus un impact négatif sur les voisins" de Damas.

Ces tirs constituent un "nouvel exemple du comportement dévoyé" du régime de Bachar Al-Assad, a dénoncé le porte-parole du Pentagone, George Little. "Nous sommes aux côtés de notre allié turc et continuons à nous consulter étroitement", a ajouté la Maison Blanche. La France a aussi "fermement" condamné ces tirs d'obus et affirmé sa "solidarité" et son "plein soutien" à son allié turc, a indiqué le ministère des affaires étrangères.

ATTENTATS À ALEP, OFFENSIVES À DAMAS

Mercredi matin, près de 50 personnes, en majorité des militaires, ont été tuées, et une centaine d'autres blessées dans un triple attentat qui a secoué le centre d'Alep, la grande métropole du nord de la Syrie que se disputent depuis fin juillet rebelles et forces gouvernementales. Un groupe djihadiste, le Front Al-Nosra, a revendiqué ces attentats, selon le centre américain de surveillance des sites islamistes SITE. Ce groupe a revendiqué la plupart des attentats dans le pays et récemment le double attentat contre le siège de l'état-major syrien à Damas.

A travers le pays, les violences ont fait au moins 147 morts mercredi, dont 52 civils, selon un décompte provisoire de l'OSDH, qui a établi un bilan de plus de 31 000 morts, en majorité des civils, en dix-huit mois de violences.

Aucune issue au conflit n'est en vue en raison des divisions de la communauté internationale, entre l'Occident d'une part qui réclame un départ du président Assad, et l'axe Russie-Chine-Iran, alliés de Damas. Dans ce contexte, le médiateur international Lakhdar Brahimi doit retourner dans la région cette semaine dans l'espoir d'obtenir une réduction des violences.
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